Illustrations

 

Découpage des lots acquis par Claude Girard [Mirot] lors de l’adjudication de l’hôtel de la Reine, partie de l’hôtel royal Saint-Pol, le 29 janvier 1544. À noter que les deux lots (10 & 23) sur l’autre rive de la rue Girard Bocquet sont acquis par Jean Bocquet, marchand de bois, d’où le nom primitif de la rue.
État du pâté de maisons à plusieurs époques : en vert cadastre actuel, en noir le cadastre « napoléonien » vers 1820, et en rouge les dimensions indiquées dans le devis de 1606 avec les noms de rue correspondants.
Reproduction du cadastre « napoléonien » dressé vers 1820 qui, à Paris, re-présente le rez-de-chaussée de tous les bâtiments construits incluant des dé-tails comme les ouvertures et les cheminées. La disposition correspond en tout point à celle décrite dans l’acte de 1750.

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Devis des travaux de maçonnerie

À faire dans l’hôtel de la rue Gérard Bocquet, du 4 février 1606 et sa transcription du document ci-dessous par Mme Chablat  – Archives nationales, Minutier central, cote ET/LXII/42

Début de l’acte

Devis des ouvrages de maçonnerye qu’il convient faire pour le logis de monsieur Ardier, assis rue Girard Bocquet, suivant le plan qui en a esté faict.

Premièrement, poursuivre le corps de logis encommancé, de sept toises et deye ou environ d’un pignon à l’autre.

– Que les murs à faire soient de pareille espaisseur et haulteur que les autres et que pareillement il y aict trois assises de pierre dure le long du contour et de quatre pierres l’une soit pozé et assez un parpin

– Faire les jambes soulez poultre de pareille pierre et de mesme parpins

– Faite les croisées et lucarnes de pierre Sainct-Leu, et pour les appuys desdictes croisées et lucarnes, de pierre de liais, au nombre selon et ainsy qu’il est porté par ledict plan.

– Faire l’escallier à deulx noyaux de fonds en comble, lequel sera depuis le rez de chaussée du passage jusqu’au premier estage de pierre de liais, ensemble les marches et degrez dudict escallier et le reste desdictes marches montant au grenier seront maçonnées de bon …

La mention de la porte cochère

La porte de la rue pour entrer dans le logis sera de six piedz de large, garnye d’ung fronton avec moellure honneste, fermes en plattebande, carré, ainsy qu’elle sera ordonnée par ledict sieur Ardier.

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L’entrée à Paris le 22 août 1389 de la reine Isabeau de Bavière, épouse de Charles VI, au moment où elle franchit la muraille édifiée par Charles V par la porte située au débouché vers la Seine de notre rue du Petit-Musc. À l’arrière-plan, en regardant vers le nord-ouest, dépasse au dessus des murailles de l’enceinte, l’hôtel Saint-Pol. De gauche à droite, la tour de Seine, flanquée de la statue du roi et de l’écusson fleur-de-lysé, une tour carrée bien plantée, et deux tours avec des horloges. Au fond, sans grand soucis de perspective la Sainte-Chapelle et Notre-Dame [Ple01].

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Escalier à rampe de chêne du « Petit hôtel de Fieubet » en arrière-cour au 10, rue des Lions Saint-Paul. On y voit le chiffre de Gaspard de Fieubet, l’époux de Marie Ardier. Hôtel de Fieubet au coin de la rue du Petit-Musc et du quai des Célestins, au XIXe siècle, avant les surcharges apportée par le comte de Lavalette, son propriétaire en 1857.

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Fieubet a été nommé chancelier de la reine Anne d’Autriche, en l’année 1671. Auteur de petits vers bien faits, qui avec lui couraient les ruelles, c’était un homme de plaisir, marié et puis veuf sans enfants, d’une politesse d’esprit fort agréable aux gens de lettres dont il aimait la société, ami surtout de Saint-Pavin, auquel il fit cette épitaphe :

  • Sous ce tombeau gît Saint-Pavin
  • Donne des larmes à sa fin.
  • Tu fus de ses amis peut-être ;
  • Pleure ton sort avec le sien.
  • Tu n’en fus pas ?
  • Pleure-le tien,
  • Passant, d’avoir manqué d’en être.

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Histoire de Jean-Louis Raoul

« Lettres à mes neveux sur l’histoire de l’Arrondissement d’Espalion par Henri AFFRE »

Il appartenait à une famille peu aisée, qui s’occupait à la fois depuis des siècles, et de travaux agricoles et de serrurerie. Les premiers étaient sans attrait pour cet enfant Raoul, tandis que la serrurerie et les ouvrages de mécaniques faisaient ses délices et occupaient tout son temps. Lorsqu’il ne pouvait par une cause quelconque, s’amuser à la forge ou à l’établi de son père, on le voyait donner au bois avec son petit couteau, toujours en bon état, des façons admirables. Ses parents néanmoins ne tinrent aucun compte de ces indices certains d’une vocation particulière ; et Jean-Louis fut placé comme berger chez le Sieur Lacombe, propriétaire des environs. Il y demeura 2 ans, au bout desquels un oncle paternel, curé de Madières, le prit avec lui dans le dessein de l’instruire et plus tard de l’aider à arriver au sacerdoce. Jean-Louis Raoul apprit volontiers la lecture et l’écriture, mais se montra franchement antipathique à l’étude du latin. Sans cesse sollicité par son goût pour les arts mécaniques, il prit le parti de lui donner entière satisfaction, et dans ce but, il se rendit à Rodez où, sur ces instances, le serrurier Cabantous consentit à le garder comme apprenti. Les compatriotes de Raoul rapportent que son nouveau Maître voulant juger tout d’abord de ces dispositions, le laissa libre d’exécuter dans son atelier un ouvrage à sa convenance ; et que Raoul débuta par une serrure d’un fini irréprochable, qu’on admirait il n’y a pas encore longtemps à la porte d’entrée de l’évêché. Ils ajoutent que son second travail consista en une branche de laurier qui eut les honneurs de l’exposition dans le principal café du Chef-lieu.

Quoi qu’il en soit, l’apprentissage fut court. Désireux d’exercer son talent sur une plus vaste scène, le jeune disciple de St Éloi dit adieu au pays et se hasarda à faire le voyage de la Capitale. À cette époque, ce voyage était une affaire grandissime ; Espalion ne comptait que deux ouvriers, un serrurier et un menuisier, qui l’eussent entrepris.

En sortant du pays de l’Aveyron, est-il dit dans des notes que je dois à l’obligeance du gendre de notre Industriel, Raoul vint à Paris. C’était là que devait être le théâtre de ces succès. Intelligent, méditatif, travailleur, le jeune homme à tête blonde au teint pâle, à la carrure grêle eut quelques difficultés d’abord à trouver un atelier qui voulut consentir à éprouver ses talents mécaniques. Cependant on commençait à Trianon le montage du fameux boudoir des glaces mobiles. Mille difficultés mécaniques surgissaient ; il n’y avait pas d’ouvriers capables d’exécuter l’appareil. Raoul qui, dans le silence de sa chambre avait calculé toutes les forces, se présente ; et avec cette noble confiance que donne le savoir, il disait à l’entrepreneur principal ; je ferai ce travail. On le regarde avec un sourire d’incrédulité. Je le ferai répliqua Raoul. On essaya le jeune homme. À quelques semaines de là le boudoir de la Reine pivotait sur lui-même par toutes les glaces tapissant les murs, et Marie-Antoinette complimentait le débutant.

L’Ambassadeur d’Espagne fit appeler M. Raoul, et voulut lui faire signer un engagement de 20 ans ; mais il fallait aller à Madrid, il fallait s’expatrier, il fallait priver la France d’un homme : Raoul refusa tout, et cependant Raoul n’avait rien.

Vers cette époque la fabrique de limes d’Amboise eut besoin d’un directeur. On jeta les yeux sur Raoul. Cette fois il s’agissait d’être utile à son pays, et Raoul accepta.

Dès le début, il comprit l’insuffisance des connaissances physiques et chimiques que ses devanciers avaient apportée à ce genre de fabrication. Il se mit à la chimie et à la physique ; et après 18 mois d’étude, il avait déjà refondu les mauvais procédés de la routine. Mais en 1793 survint… les fonds manquèrent à l’établissement, et Raoul muni de 3 francs seulement repris la route de la Capitale. Il s’y installa, Place Thionville (Dauphine) bien résolu à lutter contre la lime anglaise.

Les efforts persévérants de notre Aveyronnais eurent une entière réussite. Des essais comparatifs furent faits et maintes fois répétés. Les artistes les plus distingués se prononcèrent en faveur des limes du Citoyen Raoul, et le lycée des arts, dont il était Membre, lui décerna une couronne le 10 Thermidor An X (29 juillet 1800).

Raoul était cependant, désireux de faire constater irrévocablement de nouvelles expériences, mais publiques et solennelles, de façon à ne laisser aucun doute sur les grands résultats obtenus par lui. Elles eurent lieu dans la ci-devant église de l’Oratoire, le quatrième jour complémentaire an IX (21 septembre 1800) sous la Direction du lycée des arts que Frochot présidait à cette époque. Le Gouvernement s’y était fait représenter par le Citoyen Gille-Laumont. J’ai sous les yeux le procès-verbal de la séance. Il constate qu’après des épreuves multipliées faites par une foule d’artistes et de connaisseurs, parmi lesquels je remarque l’horloger Lépine, les limes de toute forme et de toute grandeur fabriquées par Raoul, se trouvent de beaucoup supérieures à leurs pareilles provenant d’Angleterre.

M. Paulin Désormeaux a dit : « les limes de M. Raoul ont joui longtemps d’une grande réputation, méritée à tous égards puisque ces limes surpassaient en bonté tout ce que les Anglais, les Allemands et les Suisses ont pu faire ; aussi les ouvriers les payaient-ils volontiers un prix double, ou à peu près, du taux ordinaire. »

Le Ministre Chaptal lui fit au nom du Gouvernement des propositions qu’il refusa. Plus tard la restauration, voulant récompenser en Raoul le Fabricant modèle, le fit appeler par un de ses Ministres pour lui annoncer qu’une somme allait lui être allouée à titre de récompenses et pour l’aider à s’agrandir – Je ne puis accepter, répondit Raoul. Comment, vous refusez ; mais pourquoi ? – Monseigneur, reprit Raoul, je veux laisser à mes enfants le fruit de mon travail, et voilà tout. Si j’acceptais, on dirait de ma famille : c’est l’état qui l’a enrichie, et je ne le veux pas.

Raoul mourut dans son Hôtel de la rue de Beautreillis au 4 et 6, le 17 avril 1844, laissant aux 5 enfants qui lui ont survécu une brillante fortune. Le fils aîné, établi rue Popincourt, exerce la même profession que son père dont il soutient la brillante réputation.

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Sarcophage de Jean-Louis Raoul au cimetière du Père-Lachaise à Paris. Il y est enterré avec sa belle-sœur qui a élévé ses enfants après le décès prématuré de son épouse. La tombe a été restaurée en 2004 par ses descendants.

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Cette vue aérienne, extraite du « Geoportail » de l’IGN – moderne version de la vue d’oiseau des plans du passé – montre l’immeuble de 1965, en forme de T, au toit vert, écrasant de sa masse le pâté de maison. Le centre de cette vue a pour longitude 2°21’46.71″Est et pour latitude 48°51’08.23″ Nord, l’altitude de la porte d’entrée de l’immeuble est d’environ 35 m au dessus du niveau de la mer.
Le plan du quartier extrait du cadastre (section AQ n° 78) avec les prescriptions particulières apportées par l’inclusion de l’immeuble dans le secteur sauvegardé du Marais. La parcelle supportant le portail est hachurée de 4 segments noirs signalant une « façade à conserver ». En face du portail l’immeuble au n° 7, tout noir, signifie qu’il est protégé au titre des Monuments Historiques, tandis que les immeubles hachurés en noir sont à conserver ou à restaurer.
Vue du pâté de maison produite par Google Earth avec superposé en vert le plan du cadastre actuel. La « Résidence du Petit-Musc », au toit gris en ardoise, domine le pâté. Le petit rectangle vert, rue Beautreillis est la parcelle supportant le portail, caché sous le feuillage des arbres.
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Vue du mur aveugle de l’immeuble au 11, rue Beautreillis portant les empreintes de l’hôtel Raoul disparu (partie où l’enduit est plus gris et moins fissuré)

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